Projet au forfait pour le conseil d'État
Nous sommes en 2010, je suis chassé par une grosse ESN qui recherche le directeur de son centre de services IDF.
En quelques chiffres, c’est environ 35.000 JH produits au forfait sur les 100.000JH produits par l’ensemble des centres de services de l’ESN à l’époque.
Je prends en charge une équipe d’environ 150 personnes, et un portefeuille d’environ 20 projets au forfait pour plusieurs clients de secteurs très variés : Assurance, Transport, Service Public, entre autres. Je m’occupe par exemple de la TMA en charge du parc des bracelets électroniques des détenus français pour le ministère de la justice, mais également de la mise en place du programme GESICO pour RFF.
Parmi cette 20aine de projets, 2 sont en pré contentieux, et nécessitent un focus tout particulier.
Nous échangeons avec les avocats et le DSI client nous confirme qu’il a tout intérêt à faire sortir ce projet, qu’il en va de sa carrière.
Cependant, il a été échaudé par les différents décalages et avenants signés pour pouvoir maintenir le projet en place, et il a besoin de perspectives en terme de délais et de cout.
Je fais intervenir un directeur de projets et un architecte pour mener un audit de fond afin de voir s’il est préférable de donner le sujet aux avocats ou si le projet peut être rattrapé.
Le constat est… compliqué :
- Problème d’architecture de la solution
- Dette technique importante mais rattrapable
- Taux de réutilisation du code faible
- Robustesse de l’application OK mais pourra poser des problèmes lors de la connexion des DOM/TOM.
Partant du constat que tout n’est pas à reprendre, je mets en place avec le client :
- Un nouveau plan sur 18 mois
- Un nouveau mode de gouvernance, beaucoup plus rapproché et transparennt.
- Nous mettons en place les outils pour pouvoir piloter la dette technique et le taux de re-use de ce qui est développé
- Nous revoyons certains aspects de l’architecture pour éviter de mauvaises surprises lors du lancement du produit
Après 16 mois d’efforts, nous livrons une application stable et qui répond au besoin du client. Le contentieux a été évité, chaque côté y a laissé quelques plumes mais globalement l’applicatif répond au cahier des charges initial et peut rendre le service pour lequel il a été conçu. Il est à ce jour toujours en services et participe activement et quotidiennement aux processus de notre démocratie.
Moral de l’histoire : Quand il y a un minimum d’espoir… Aporter clarté, transparence et de la méthodologie permet de sauver n’importe quel projet.